Crédit photo : association du mémorial de l’armistice

Mon 11 novembre à moi ? Il a eu lieu bien plus tard : le 4 juillet 2018. Laissez moi vous raconter.

En 2004, je co-fonde une entreprise avec un associé. On démarre fort, au-delà de nos attentes. Les clients affluent, on se développe rapidement.

Notre mission ? Organiser des team-buildings, des événements d’entreprise, fidéliser les clients… Ça marche à merveille. On passe le cap des 1 an, 3 ans, 5 ans… Puis 10 ans. Chaque année, on atteint nos objectifs sans emprunter un centime.

Je plane. Je me vois déjà comme un modèle de réussite. Je donne des leçons d’entrepreneuriat à tout le monde, persuadé de tout maîtriser. Ma famille profite aussi de cette réussite : vacances au ski, chalets luxueux, grosses voitures… Tout est parfait, en apparence.

Mais la réalité est plus complexe.

Les premiers signes d’alerte

Je travaille sans relâche : 60 à 70 heures par semaine, week-ends compris. Ma famille ? Je ne la vois plus. À tel point que je rate même la naissance de ma dernière fille.

Un jour, ma femme décide de partir en vacances sans moi. « De toute façon, tu n’es jamais là, » me dit-elle. Ce fut un coup de poignard… mais elle avait raison.

Les signes étaient là. Mais je refusais de les voir.

L’aveuglement fatal

Pendant ce temps, le marché change. La concurrence se renforce, les réseaux sociaux explosent, le portable devient incontournable pour fidéliser les clients. Et moi ? Je suis trop occupé à « profiter » pour m’adapter.

Je sens bien que le vent tourne, mais je me dis que ça va passer. On continue de dépenser, sans créer de réserves. Pas de trésorerie solide, pas de plan B.

Puis vient la crise. En 2017, tout bascule.

Le début du naufrage

Notre chiffre d’affaires s’effondre. On coupe nos salaires, les dettes s’accumulent. Les fournisseurs refusent de nous livrer. Je suis devenu un « mauvais payeur »…

Je commence à emprunter de l’argent à ma famille, à puiser dans toutes nos maigres ressources. À ce stade, je ne suis plus un chef d’entreprise, je suis un homme aux abois.

Début 2018, c’est la fin : on dépose le bilan.

Le 4 juillet 2018, le tribunal prononce la liquidation. C’est mon armistice. La fin de cette bataille insensée, mais surtout le début d’une vraie prise de conscience.

Les leçons douloureuses

L’année suivante, je remonte une nouvelle société, « Océanicor » — comme le diamant du Titanic. Un nom pour me rappeler chaque jour mes erreurs :

Depuis, j’ai rattrapé ces années d’aveuglement. J’ai appris. Beaucoup.

Mais la vie m’a encore testé : le COVID m’a fait perdre 90% de mon chiffre d’affaires en un mois. Deuxième claque. Visiblement, je n’avais pas encore tout compris…

Aujourd’hui, gratitude et humilité

Je suis toujours en train d’apprendre. J’ai remboursé mes dettes, mais ma femme, elle, m’a soutenu à chaque étape, malgré tout ce qu’on a perdu.

Aujourd’hui, je ressens une immense gratitude pour Geneviève. Sans elle, je n’aurais sans doute jamais tenu.

Et vous ?

Quel échec vous a le plus appris ?

Qui dans votre vie est là pour vous ramener à la réalité et vous empêcher de foncer droit dans le mur ?

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